Je suis confinée toute seule, avant j’étais confinée à Rosny-sous-Bois avec une copine. Et je viens dans la cour pour ne pas être en dépression.

La cour c’est un croissant de lune avec une lune pleine au milieu.

Les endroits que je préfère dans la cour ont évolué selon les âges. Quand j’étais petite j’adorais le buisson, parce que j’allais en dessous. Il y avait toute une période où j’avais un cochon d’inde et je venais le promener ici, j’allais souvent avec lui sous le buisson. Et maintenant mon endroit préféré c’est sans doute le potager.

Cette histoire de déconfinement, je ne vois pas du tout ce que ça va engendrer. Surtout que, comme j’écris un mémoire,  je me déconfine pas avant de l’avoir fini. Donc y a quelque chose où, c’est très bizarre, c’est comme si, le monde allait changer là, un peu, on s’était adapté à quelque chose qui va complètement changer … et en même temps … je ne sais pas : cette nouvelle chose de ne pas pouvoir prévoir parce qu’on ne sait pas ce qui va se passer, ça met dans des dispositions particulières qui ne sont pas inintéressantes.

Je vais déménager dans pas longtemps, en août je déménage à Église de Pantin. Je suis née dans cet immeuble. Et de le quitter, avec ce qui s’est passé, moi ce que j’ai pu voir du coup des derniers jours dans la cour : la communauté qui s’est créée, les liens qui se sont renforcés. Hier je disais à ma mère dans l’ascenseur : « putain vous êtes chiants, c’est chiant de vivre ça au moment où je m’en vais, c’est un peu rageant ! ».

Louise, 24 ans.