La cour est un peu comme un jardin en plein air. Elle est très grande, confortable, on peut se poser un peu partout, où qu’on soit le soleil est là. On a beaucoup de chance.

En général, je fais beaucoup de crise d’angoisse quand je reste chez moi. Ce n’est pas agréable, et quand ça m’arrive, j’ai besoin de sortir très rapidement. Quand il n’y avait pas encore le confinement, je sortais dans la rue, je faisais un tour jusqu’à Belleville et je revenais. Là je descends dans la cour, je fais trois fois le tour du terre-plein, ou je vais voir ce qui se passe à côté, les fenêtres qui sont allumées, et ça me calme. Je viens fumer aussi.

Au début j’étais un peu distante avec les autres personnes qui viennent dans la cour. J’étais un peu dans ma routine. J’avais un peu du mal à m’approcher d’eux. Et au final je me suis un peu laissée prendre par ce… par ça … par… le mouvement en fait. Du coup j’ai rencontré plein de gens vraiment géniaux, c’est agréable de les rencontrer, de parler avec eux.

Ce qui me manque pendant ce confinement, c’est mes amis. Je pense qu’il me manque aussi beaucoup de calme, ce qui est très étrange puisqu’on est dans un confinement donc en soi, il n’y a pas vraiment d’énervement possible, mais pour moi c’est vraiment le contraire. C’est à dire que le fait d’être éloignée de mes amis me conduit parfois à me comporter mal avec eux sans même m’en rendre compte, c’est à dire que dès qu’il y a une petite embrouille qui se crée par message ou quoi, comme on n’a pas le contact humain, il y a souvent des malentendus qui se créent et ce n’est pas agréable du tout. Le contact humain me manque, beaucoup.

J’ai passé les trois premières semaines de confinement avachie sur mon canapé à regarder Instagram. Ça m’est arrivé, pendant quelques jours de regarder Instagram pendant cinq heures. Ce qui est assez maladif et vraiment très très nocif pour moi. C’est devenu une addiction. Je me suis rendue compte au bout d’un temps que mon téléphone c’était moi. C’est à dire que, en général, beaucoup de gens disent que le téléphone n’est pas censé apparaître dans les rêves alors que le mien apparaissait dans les miens. J’avais toujours mon téléphone dans ma poche. Je le connaissais par cœur. J’ai fait une petite pause des réseaux, et ça m’a fait du bien. Maintenant j’y retourne mais je vois plus ça comme une activité, un jeu, et pas comme un outil un peu tout le temps.

Je sais que ça fait deux mois environ qu’on est ici, mais en fait, je ne m’en rends vraiment pas compte. La première semaine c’était très dur, on était privé de liberté d’un coup, c’était un peu brutal comme changement et au final, maintenant, j’ai l’impression d’être là depuis vingt minutes. Au final le temps il passe ou il passe pas…

L’après confinement ça va être très compliqué parce qu’on est tous habitués à ce confinement là, alors le fait de retrouver nos amis, savoir comment se comporter avec eux, avec les gestes barrières etc…  ça va être très complexe. Surtout pour moi qui suis en première, oui ça va être… complexe. Moi je vais rester ici pour mes études, enfin pour ma première et je vais retourner au lycée pour mon oral de français mais c’est tout ce qui va se passer quoi ! C’est donc plutôt du vide qui m’attend….

Camille, 17 ans, habite ici depuis 17 ans. Confinée avec sa mère.