La cour on ne la voit pas de l’extérieur, il faut entrer dans le premier bâtiment pour l’apercevoir. Elle est beaucoup plus grande qu’on ne pourrait l’imaginer. On ne peut pas savoir que dans Paris il y a un espace aussi grand. C’est une grosse étendue d’herbe centrale, entourée par une route qui permet aux enfants de faire du vélo. Elle était fleurie il y a 15 jours et là moins à cause du soleil, il y a aussi un potager. Elle est très joyeuse, on y est assez protégé. Il y a des musiciens qui y viennent faire des concerts et faire chanter les gens aux fenêtres.

Tout au début du confinement, je faisais des tours autour du rond central, en courant, je déteste courir, j’ai vite arrêté. On a aussi ressorti un vieux jokari, mais ça aussi j’ai vite arrêté, finalement je fais ce que j’aime bien faire : bouquiner me faire bronzer, et puis surtout me mettre loin de mes enfants parce que je les vois suffisamment.

Je suis assez stressée en général, très énervée, très impatiente et là dès le départ j’ai voulu faire les choses de manière très décontractée, prendre du recul, ça, ça m’a fait beaucoup de bien et j’espère surtout que ça va rester après parce que finalement je me rends compte que je vis bien mieux. Je suis beaucoup moins stressée en étant comme ça, on fait beaucoup de choses avec nos enfants qu’on ne fait jamais. Habituellement on travaille beaucoup, on a jamais le temps et puis le week-end on veut être tranquilles, et presque pas s’occuper des enfants.

Je suis plutôt contente, de bien vivre ce confinement avec mes enfants, mon mari, on se dispute presque moins qu’en temps normal tout le monde a appris à mieux s’écouter, mieux s’apprécier.

La seule chose qui me pèse beaucoup c’est de ne pas voir mes parents, je suis très proche de mes parents. Ça, ça me manque beaucoup.

Moi j’ai très très peur, je ne sais pas pourquoi, je ne suis pas quelqu’un qui a peur habituellement, mais j’ai peur d’attraper ce foutu coronavirus, de l’attraper et de de le filer à mes parents, j’ai peur pour eux, alors je fais très attention à respecter les distances de sécurité.

Pour l’avenir, je n’arrive pas à me projeter, parce que tout au début je me suis imaginée que le confinement durerait une semaine, que je ne fêterai pas mon anniversaire en confinement, je me suis imaginée plein de choses et je me suis rendu compte que toutes les choses que j’imaginais finalement n’arrivait pas, la situation s’éternisait, voir se compliquait. Je ne m’imagine pas vraiment ce qui va se passer après. Je n’imagine pas non plus que la situation va perdurer pendant des années. Je n’ai pas envie porter des masques et maintenir des distances de sécurité pendant des années.

En revanche étant donné que j’ai peur, clairement le 11 mai, je ne reprendrai pas les transports. Ça ne pose pas de problème vis à vis du travail, je peux travailler à la maison. La seule chose dans laquelle je me projette à l’heure actuelle, c’est de partir en vacances cet été, mes vacances c’est en août, donc je n’attraperai pas ce putain de coronavirus avant fin juillet, nous resterons tous confinés dans l’appartement jusque-là et on profitera de la cour.

Flore, 45 ans dans 3 jours, confinée avec son mari, et ses trois garçons de 14, 11 et 7 ans.