Je m’appelle Lilas. Je vis ici depuis que j’ai 1 an. Au début du confinement je ne descendais pas du tout, bien que ma mère insiste pour que je descende faire du sport, que je ne reste pas enfermée.

Ça ne fait pas si longtemps que ça que je descends dans la cour, je joue avec une voisine de l’immeuble, Liouba, Léon et mon frère. On joue ensemble soit à des jeux de cartes, soit au badminton. Vu qu’on est en plein air ça ressemble à ce que je ferais avec mes amis en temps normal, dans la vie de tous les jours et j’oublie le confinement. On ne voit pas le temps passer.

Au début on respectait vraiment les gestes barrières. Je me souviens que Léon voulait jouer avec nous au badminton et que mon frère et moi on l’avait violemment repoussé mais à partir du moment où on a commencé à descendre avec Liouba, on a vite été très tactiles, on riait, on n’arrêtait pas de se chamailler. Avec les autres je respecte les distances.

Moi ça m’angoisse le retour à la normale, je me sens bien en ce moment en fait. C’est vraiment bizarre. Je pense que c’est parce qu’au lycée c’était très intense, c’était une période de l’année où les profs nous mettaient la pression.  Mes amis ne me manquent pas, ça me fait plaisir de les croiser mais ça ne me manque pas du tout, il y avait pas mal d’embrouilles avant le confinement. Quand je dis ça on pourrait croire que mes amis sont horribles, ce n’est pas le cas mais il y avait des tensions. Là je me sens un peu dans ma bulle, je me sens bien. Des fois ça dégénère un peu chez moi des fois, mais je descends dans la cour et je m’y sens bien. 

L’extérieur ne me manque pas, ce qui me manque c’est d’aller au cinéma. J’adore le cinéma. C’est mon père et ma mère qui m’ont transmis cette passion. Mon père il fait un documentaire dans la cour. Il m’a proposé de faire la perche, vu qu’il ne pouvait pas faire entrer d’équipe technique à cause du confinement. Ça m’a permis de me rapprocher de mon père et de toucher concrètement au tournage d’un film. Ça m’a fait plaisir.

Ce qui me manque aussi c’est de faire du shopping, j’aime bien les vêtements, mais je ne suis pas superficielle. J’aime bien la mode voilà. J’ai fait des vêtements pendant le confinement, j’ai une marque de vêtements, un petit truc du coup j’ai customisé plein de t-shirts, de pulls, etc…

On a de la chance de bien s’entendre entre voisins, c’est un truc de fou, quand même. Il y a un truc triste et beau à la fois, c’est qu’on n’ait pas réussi à parler jusque-là avec des gens qu’on voit tous les jours, comme nos voisins de palier par exemple. Il aura fallu le confinement pour nous permettre de nous parler mais finalement c’est génial car il y a plein d’amitié.

Je me demande si les gens vont continuer après le 11 mai à prendre leur café le matin, garder leurs habitudes dans la cour.

Lilas, 16 ans dans un mois, confinée avec ses parents et son frère.