Avant j’avais l’habitude d’aller dans les parcs publics : aux Buttes Chaumont, au parc de Belleville. Ici on est dans notre immeuble privé. Je pensais qu’avec le confinement il y aurait plus de monde mais ce n’est pas le cas, je ne vois pas beaucoup de monde.

Je viens me promener, faire des exercices, des étirements, courir un peu. Comme il fait beau depuis quelques semaines, je suis descendu assez souvent.

Avec les autres c’est très amical, on se dit bonjour, on parle des sujets qui nous intéressent en commun : la photographie, la bourse, comme je boursicote un peu, j’en ai parlé avec les voisins. C’était assez sympa. Sans le confinement je ne serais pas descendu aussi souvent et n’aurais pas autant croisé mes voisins.

Ce qui me manque, c’est de sortir et d’aller voir les amis et la famille, avec une liberté restreinte certes, mais quand même d’aller voir les gens. Je ne peux même pas aller voir mes amis qui sont dans les arrondissements d’à côté.

J’ai assez peur que les gens profitent un petit peu trop de cette liberté de sortir. De se rassembler entre eux. Déjà je vois par la fenêtre des voisins qui descendent boire un coup dans la rue, ils sont assez serrés les uns contre les autres. C’est pas le but. Ça va créer une épidémie, récréer la propagation du virus : j’ai assez peur de ça.

Je me sens assez bien, un petit peu engourdi… comme on ne peut pas sortir, ça engourdit un petit peu.

Pour le déconfinement, il faut qu’on soit prudent. Il faut que ça s’arrête quand même la propagation du virus, pour pouvoir aller voir la famille et les amis.

Je n’ai pas perdu d’amis mais dans la famille les gens qui ne pouvaient pas assister aux obsèques, c’est quand même bizarre. Ça fait mal au cœur que les gens ne puissent pas dire au revoir aux parents, aux amis qui sont partis à ce moment-là. Il faudrait que ce soit autorisé quand même d’assister aux obsèques de ses proches.

Prosper, 71 ans, confiné avec sa femme. Habite dans la résidence depuis 45 ans. Sa femme y habitait avant avec sa maman, ses frères et sœurs.