BIOGRAPHIE
Vincent Fillon est né le 27 avril 1977 à Saint-Étienne (France). Diplômé de l’École nationale supérieure Louis-Lumière, il se consacre à la photographie d’architecture depuis près de vingt ans. Il alterne entre commandes d’architectes et de maîtres d’ouvrage et séries personnelles, marquées par l’urbain et le paysage.
Dominique Perrault, Nicolas Michelin, Hardel et Le Bihan, l’Atelier 2/3/4/ ou encore Projectiles font partie des agences qui lui confient leurs reportages. Vincent Fillon travaille également pour nombre d’institutions (musée du Quai Branly, musée de l’Homme, Cité des Sciences et de l’Industrie, Cité de la musique, Pavillon de l’Arsenal, Cité de l’Architecture et du Patrimoine, etc.), photographiant les expositions et leurs scénographies. Une sélection de reportages de commande est à découvrir ici.
En 2010, une série de prises de vue de la rue Waicangqiao à Shanghai, témoin in extremis – avant la venue de l’Exposition Universelle – d’une ville et de vies révolues, marque la naissance du travail artistique de Vincent Fillon. Dans ces vestiges du patrimoine chinois, les humains tremblent de flou. Le linge suspendu frémit, une silhouette s’évapore derrière une fenêtre embuée. Entre hauts immeubles lointains et proches maisons démolies, tout semble suspendu le temps d’appuyer sur le déclencheur. Le nom de la série reprend le slogan de l’Exposition Universelle : Better City, Better Life.
À l’insu de son auteur peut-être, discrètement de toutes façons, sa recherche s’empare de fantômes architecturaux et urbains – à moins que ce ne soit l’inverse. En 2013, la série Entre deux est récompensée par le prix SFR Jeunes Talents et exposée aux Rencontres de la photographie d’Arles. Représentation singulière du patrimoine et des mutations architecturales, cette première œuvre primée pose les bases d’une démarche sensible au temps, à l’espace et à la mémoire des lieux.
En 2015, le festival Les photographiques du Mans expose City One, dissection méthodique de cinquante-deux tours identiques, rendues immatérielles par leur répétition. L’urbain se fait paradoxalement aussi impalpable qu’omniprésent. Cette fois, nul habitant. L’absence de forme humaine fait tendre le modèle vers l’abstraction. Entre la rigueur de la trame architecturale et la pâleur bleutée d’un ciel sans défaut, une skyline distopique se découpe, remettant en question l’existence même du quartier.
La même année, Fotofever, via la Little Big Galerie, accueille We where here. Passé un titre évocateur, nous sommes plongés dans l’obscurité d’une forêt illuminée çà et là par un halo, un cube étincelant, une tige fluorescente ou un rai de lumière. L’homme demeure désespérément absent des images. Seuls ses artefacts lumineux, omniprésents, le rappellent. Entre nature et culture, obscurité sauvage et électricité géométrique, les ogres et les esprits de notre enfance s’approchent à pas de velours. Cette série a fait l’objet d’une nouvelle exposition en 2016, dans le cadre des programmes associés au festival Circulation(s).
En 2017, la série Porosités de passage intègre l’exposition Levitt France, une utopie pavillonnaire. Cette exposition collective dont le commissariat a été confié à Béatrice Andrieux, est présentée aux Rencontres d’Arles puis au J1 à Marseille.
Déshabiter, série en cours, pousse à leurs limites les sujets de prédilection de Vincent Fillon, en se concentrant sur le temps du déménagement. Nous assistons à une nouvelle forme d’entre deux, d’entre lieux et d’entre temps. L’inventaire qui précède le départ et la mise en cartons. Le lieu abandonné derrière soi. Que laissent d’eux les habitants dans les endroits où ils ont vécu ? Comment fixer la trace de l’homme dans les espaces qu’il occupe, donner une épaisseur aux souvenirs intimes, aux douceurs du domestique ? L’enquête reste à suivre et sa formalisation photographique à guetter.
Fanny Léglise.
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