Ambès
Le Bec d’Ambès ressemble par bien des aspects à une presqu’île. Seule une mince bande de terre le raccroche au « continent ». Son extrémité, occupée par un site Seveso, l’exclut des circuits touristiques.
Point de confluence entre la Dordogne et la Garonne et début de l’estuaire de la Gironde, il est situé dans un paysage unique et contrasté. Les lieux y sont façonnés par la présence de l’eau : fleuves, influence de la marée, prairies humides, marais, tourbières, eaux stagnantes, mais également par l’implantation de zones d’activités, d’industries légères et de raffineries.
Me rendre au Bec d’Ambès, un weekend de septembre après deux mois de confinement, et y déambuler sans limites, m’a donné le sentiment de me faufiler dans un autre espace-temps, les sens à nouveau stimulés.
En arpentant ce territoire, j’ai traversé des paysages qui se font décors. J’ai parcouru la Louisiane et ses bayous, me méfiant des serpents et fuyant en vain les moustiques. J’ai traversé Tulsa (Oklahoma), et fait le plein quelques miles plus loin. J’y ai espéré une rencontre du troisième type avec des êtres venus d’ailleurs dans d’étranges sphères immaculées. J’ai enquêté dans les marais du Guadalquivir filmés par Alberto Rodríguez, attendu le retour du Grand Marin avec Catherine Poulain.
J’aurais aimé être écrivain et y situer mon premier roman. Je l’aurais appelé « Ambès ».
Vincent Fillon